Essenceterre

La forêt, elle nous apprend à être l’Amour.
L’Amour de la patience, de la symbiose et du chahut. Chahut des branches et feuilles bruisselant à la coulée du vent. S’entrechoquant pour mieux se reconnaître afin de mieux se respecter, savoir où aller, savoir où mieux pousser, sans pousser l’autre, sans déranger l’autre. L’autre dans ce qu’il est. Animaux dans ce qu’ils suivent, bêtes dans ce qu’elles traquent. Traces laissées au sol nervuré de racine, faisant remonter l’odeur de l’humus, l’odeur de l’Amour. Amour se cache dans les moindres recoins si l’on y prête attention. L’attention non pas d’une attente, mais d’une patience lente et aimante. S’intercaler dans ce plan temporel de la forêt, c’est apprendre à aimer. À aimer l’autre dans son temps. Demander déjà des fruits à une graine à peine germée, c’est oublier l’autre pour ce qu’il a été, et pour ce qu’il sera. C’est oublier qui nous sommes. Somme de cette addition, de ce Tout temporel, dimensionnel, formel ou informel. Aimer l’autre, c’est l’aimer dans sa grandeur, mais aussi dans sa petitesse. Aimer la graine comme aimer l’erreur d’un Cœur qui apprend sur la pointe des pieds. Plus ton pas sera sûr, plus tes graines germeront. Pour toi, ainsi que pour les autres.

Qui est l’autre ? Si ce n’est que toi.
Toi, un petit peu plus tôt. Toi, un petit peu plus tard.

Tout se joue telle une musique sur la même partition, à chacun sa note. L’un et l’une après l’autre, l’une et l’un avec l’autre. Main dans la main. Comme cette forêt, où tout y est amoureusement interconnecté, d’une symbiose qui, quand l’on y prête réellement attention, lorsque l’on se fond en elle, avec elle, dépasse l’entendement. Nul hasard si tel ou tel arbre s’appelle une « essence ». Telle l’essence du Ciel, voici l’essence de la Terre. Essentiel à notre reconnexion, osons le terme, elle nous est : essenceterre.
Écoutons-la, cette forêt. Elle nous rappelle qui nous sommes. Que ce soit en tant qu’individu, ou forêt entière. Tels les Univers et leurs galaxies, telles leurs galaxies et leurs systèmes solaires, tels leurs systèmes solaires et leurs planètes, telles leurs planètes et leurs forêts, telles leurs forêts et leurs arbres. Rien n’est jamais réellement déconnecté, séparé ou que sais-je encore. Et ceci n’a jamais été aussi présent qu’en ces temps. L’Unité est à portée de main, nous pouvons l’effleurer du bout des doigts, puis l’embrasser avec Joie. La Joie des mains qui se joignent, la Joie des Cœurs qui se voyent.
Forêt nous rappelle qui nous sommes, Humain rappelle Toi qui tu Es.